Dr Laurence PLUMEY, médecin Nutritionniste, Praticien Hospitalier, Fondatrice EPM Nutrition

 

Il est bien connu qu’une alimentation riche en fruits et légumes optimise la santé et contribue à mieux protéger d’un certain nombre de pathologies chroniques comme les maladies cardio vasculaires. Les fibres et les polyphénols seraient les principes actifs essentiels.

 

Les pommes ont fait l’objet de nombreuses recherches

pomme mainNon seulement les pommes sont riches en ces ingrédients précités, mais de plus elles sont très consommées dans le monde en raison de leur disponibilité toute l’année, de leurs variétés multiples et des formes différentes de consommation (fraîches, jus, compote …). Les études épidémiologiques ont montré qu’une consommation régulière de pommes est associée à un moindre risque de maladies cardiovasculaires et de diabète.  Des études d’intervention chez l’homme et l’animal  ont retrouvé une amélioration du profil lipidique (baisse du mauvais cholestérol), un meilleur contrôle du poids, une amélioration de la fonction vasculaire et du syndrome inflammatoire. Certes la pectine, les fibres insolubles et les nombreux polyphénols de la pomme peuvent expliquer en partie ces effets, mais certaines hypothèses sont en train de voir le jour. Et si manger des pommes régulièrement pouvait influencer la nature du microbiote intestinal et ainsi agir indirectement sur la santé ? Voilà qui est passionnant !

 

Mais revenons à notre pomme !

 

Les richesses de la pomme

Tout d’abord, elle est riche en fibres (1,5 à 3% selon les variétés) réparties entre fibres insolubles (cellulose, hémicellulose) et fibres solubles dont la fameuse pectine qui pourrait contribuer à diminuer l’absorption intestinale du cholestérol et à ralentir celle du glucose (voilà pourquoi l’Index Glycémique de la pomme est faible ; les sucres de la pomme sont lents).

 

Elle est également riche en polyphénols avec une moyenne de 110mg/100g, les valeurs pouvant aller de 66 à 212 mg/100g, les pommes les plus riches étant la Royal Gala, la Golden Delicious, la Granny Smith, la Red Delicious et la Renetta. A 90% sous forme de flavanols, on peut noter également la présence d’anthocyanines dans les pommes rouges. Les concentrations de ces molécules varient, certes, selon le mode d’agriculture, la maturité et le stockage mais ils se trouvent surtout dans la peau du fruit, sans doute en raison de leurs rôles protecteurs du fruit contre divers pathogènes. Voilà pourquoi il vaut mieux croquer la pomme. Quant au jus de pomme, il est d’autant plus riche en ces polyphénols qu’il n’est pas clarifié.

 

pomme smartphoneAprès avoir mangé une pomme, sachez que 90% de ses polyphénols et de la pectine arrivent intacts dans le colon et sont consommés par certaines bactéries du microbiote. C’est ainsi, qu’en consommation régulière, on constate la croissance de certaines bactéries au détriment d’autres bactéries et donc une modulation du microbiote intestinal. Ceci a surtout été montré chez l’animal et in vitro ; très peu chez l’homme (2 pommes par jour pendant 15 jours ont suffi à modifier le microbiote de volontaires sains dans une petite étude d’intervention).

 

Par ailleurs, la pomme est un fruit modérément calorique (environ 60 Kcal pour une petite pomme de 100g), ces calories étant surtout dûes aux quantités raisonnables de sucres qu’elle contient (en moyenne 11 à 12g/100g vs 20% dans la banane) : dans ces sucres, il y a souvent une majorité de fructose, contribuant au goût sucré et au faible Index Glycémique de la pomme (environ 40). Très rassasiante, elle a souvent une bonne place dans les régimes amaigrissants ; attention à ne pas en manger un kilo, toutefois !

 

Question vitamines, elle en a de nombreuses mais en petites quantités ; ce n’est pas sa qualité première. Quant aux minéraux, elle contribue aux apports quotidiens de potassium.

 

En conclusion, manger 1 à 2 pommes par jour est très bon pour la santé ; par leur richesse en fibres et en polyphénols, elles agissent sur le transit, la santé cardio vasculaire, la prévention des maladies métaboliques et optimisent la composition du microbiote intestinal – à condition de manger la peau. D’où la nécessité d’avoir des fruits de qualité issus de l’agriculture biologique ou raisonnée !

 

Références bibliographiques :

  • Koutsos A and coll. Effects of commercial apple varieties on human gut microbiota composition and metabolic output using an in vitro colonic model. Nutrients. 2017 May 24 ;9(6).
  • Koutsos A, Tuohy KM, Lovegrove J. Apples and cardiovascular health. Is the gut microbiota a core consideration ? Nutrients 2015 Jun ; 7 (6) :3959-3998
  • Vrhovsek U, Rigo A, Tonon D, Mattivi F. Quantification of polyphenols in different apple varieties. Agric.Food Chem. 2004 ;52/6532-6538
  • Shinohara K and coll.Effect of apple intake on fecal microbiota and metabolites in huma,. Anaerobe 2010 ;16/510-515